(Article rédigé par Khawla ZINE-DINE et Alicia SAHIRI, élèves de Terminale et membres de la Brigade Egalité Fille/Garçon).
Qui sommes-nous ?
Khawla et Alicia, deux élèves de la Brigade Egalité Fille/Garçon, qui ont mené une enquête de janvier à février 2021 sur la réparation de la parole entre les filles et les garçons dans les classes.
La Brigade de JJR, c’est une trentaine d’élèves œuvrant pour la réduction des inégalités au sein de notre lycée par la sensibilisation, la formation, les projets de recherche, les évènements et même par la communication à travers le compte Instagram. Depuis le début de la Brigade, en novembre 2020, nous nous réunissons chaque semaine le mardi midi pendant une heure et nous sommes encadrés par une professeure de Lettres du lycée et par une professeure-documentaliste.
Pourquoi faire une enquête ?
Alors comment en est-on arrivées à une enquête sur la répartition de la prise de parole ? En réfléchissant à des exemples d’actions à mener et à des observations à faire, nous avions beaucoup d’idées. Une de nos professeure nous a suggéré : pourquoi ne pas observer qui parle le plus en cours entre les filles et les garçons ? C’était facile à vérifier, en passant dans les classes, et surtout, c’était l’occasion de faire une étude statistique et concrète. Nous avons toutes et tous déjà une petite idée de la réponse à la question. Mais, en tant qu’élèves, avions-nous déjà cherché à quantifier le problème ?
Une enquête à préparer et à mettre en place...janvier 2021
À partir du moment où nous avions choisi quoi faire, nous devions faire deux choses :
- programmer les passages et observations des classes. Pour cela, nous avons pris sur notre temps libre et avons demandé à plusieurs profs qui accepteraient qu’on assiste à leur cours.
Nous tenions absolument à observer tous les niveaux, tous les niveaux (Seconde, Première, Terminale), toutes les filières (Professionnelle, Technologique, Générale), dans des classes ayant à peu près la parité, 3 classes avec un professeur et 3 classes avec une professeure. - établir les critères d’observations sous forme de tableau. Nous voulions noter durant chaque heure de cours le nombre de prises de paroles spontanées (sans qu’un.e professeur.e interroge l’élève), celui de prise de paroles accordées par le/la professeur.e et le volume moyen de la voix.
De plus, nous voulions chronométrer le temps de parole total des filles et des garçons pendant l’heure de cours.
Le passage dans les classes...janvier 2021 à février 2021
Finalement,nous avons observé six heures de cours dans six classes différentes. C’était honnêtement assez surprenant de sortir de notre rôle d’élève pour être des observatrices. Nous avons vu les choses tout à fait différemment et nous nous sommes rendues compte de nos propres habitudes de prise de parole. La différence d’affirmation de la parole entre filles et garçons était frappante.
Les résultats de notre enquête
Dans chaque tableau, les trois premières lignes sont des pourcentages et la dernière ligne des secondes.
Les principales conclusions que l’on a pu tirer de ces chiffres mais aussi de nos observations :
- Les filles avaient plus tendance à parler doucement et plutôt quand c’était le/la professeur.e qui les interrogeait (donc elles parlaient le plus souvent quand elles levaient la main).
- Les garçons, eux, monopolisaient la prise de parole spontanée (sans lever la main) et avaient un volume de voix beaucoup plus important.
La plupart des habitudes de prise de parole étaient inconscientes : les filles se laissaient souvent couper la parole ou étaient moins écoutées le tout en parlant plus doucement, les garçons écoutaient moins.
Enfin, certains professeurs (notamment masculins) se tournaient inconsciemment plus souvent vers les garçons.
La restitution de notre travail
Notre enquête était un moyen d’analyser de façon objective la répartition du temps de parole entre filles et garçons. Dès lors, le but était de communiquer cela à nos camarades.
La première occasion de cette communication a été la journée du 8 Mars 2021, Journée Internationale des Droits des Femmes. Environ 300 élèves ont visité nos expositions et nous avons pu expliquer à certain.e.s notre démarche.
Le tout était résumé sur une affiche.
C’était très enrichissant de parler aux élèves, mais aussi aux personnels du lycée de notre travail. Les professeurs ont bien accueilli nos constats et certains se sont posés des questions.
Nos camarades confirmaient certains constats et étaient surpris par d’autres.
Et maintenant, que faire pour que cela change ?
Et bien, après cette enquête, nous ne voulions pas rester sur un constat qui paraissait assez négatif. Nous avons réfléchi à plusieurs moyens pour que cela change.
Quelques idées...
- Alterner la prise de parole : une fille, un garçon.
- LES FILLES : prendre confiance en elles et parler plus fort, quitte à avoir l’impression de crier
- LES GARÇONS : respecter la prise de parole des filles en particulier : SILENCE quand les filles parlent
Nous pensons vraiment que notre travail en lui-même peut changer les choses car il permet déjà de prendre conscience de nos habitudes liées à la prise de parole.
En tant qu’élèves filles, nous avions nous même cette habitude de parler beaucoup moins fort par exemple.
Mais, depuis cette enquête, nous avons appris à affirmer notre droit à la parole et à encourager les autres filles à le faire.
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