"Si on ne sait pas bien écrire, on ne sait pas penser. Et si on ne sait pas penser, d’autres penseront à notre place".
Quatre classes du lycée, les 1ère G1, les 1ère G3, les 1ère G8 et les 2nde 1, ont participé à une Leçon de Littérature, un dispositif proposé par la région Ile-de-France et la Maison des Ecrivains et de la Littérature.
Un compte-rendu par les élèves de Première...
Le vendredi 24 Janvier, nous avons rencontré Caroline Lamarche, une autrice qui vient de Belgique, qui nous a parlé de l’art d’écrire et du métier d’écrivain. Nous avons ensuite pu lui poser des questions sur ses sources d’inspiration et sur l’état d’esprit dans lequel on se trouve quand on écrit.
Caroline Lamarche a été publiée pour la première fois à l’âge de 41 ans, elle précise qu’elle a attendu énormément avant d’envoyer ses premiers écrits.
Elle se présente comme une auteure de la forme courte.
Elle écrit surtout des poèmes et des nouvelles, les nouvelles font entre 3 et 5 pages pour la plupart.
Selon elle, la forme brève est "proche de la perfection".
Mais Caroline Lamarche précise aussi que la nouvelle est considérée en France comme un genre mineur, qui ne se vend pas.
Elle explique qu’il est difficile de gagner sa vie quand on est écrivain : sur un livre qui se vend 16 euros, elle ne touche que 10% du prix.
Caroline Lamarche a gagné le Prix Goncourt de la nouvelle en 2019 pour Nous sommes à la lisière. Elle nous explique le fonctionnement des prix littéraires mais aussi le décalage entre le nombre de femmes lauréates et le nombre d’hommes lauréats.
Par exemple, 14 femmes ont reçu le Prix Nobel de Littérature depuis 1901 alors que 100 hommes ont reçu ce Prix Nobel.
La conférence aborde alors la difficulté d’être une femme écrivain et de se faire un nom dans la société des hommes. Caroline Lamarche nous présente les parcours de plusieurs artistes ou écrivaines qui ont été une inspiration pour elle :
- Sylvia Plath
- Toni Morrison
- Virginia Woolf
- Colette
- Camille Claudel
- Frida Kahlo
Caroline Lamarche nous parle plus de femmes que d’hommes parce que les femmes sont plus oubliées que les hommes en littérature et sont aussi moins avantagées.
""Existe-t-il une écriture féminine ?" On faire perdre du temps aux femmes en leur posant cette question. Il n’y a pas d’écriture féminine".
Caroline Lamarche précise qu’il n’y a pas plus d’écriture féminine que d’écriture masculine et elle dit qu’elle s’énerve quand on lui pose cette question !
Elle ajoute qu’il y a bien des conditions d’écriture différentes surtout à des époques où les femmes n’étaient pas indépendantes financièrement.
"On ne peut pas écrire sans lire beaucoup... ce sont les deux faces d’une même pièce".
Caroline Lamarche raconte pourquoi et comment elle a commencé à écrire. Selon elle, le moteur des écrivains, c’est la lecture.
Caroline Lamarche termine sa présentation en lisant un poème qui lui plait beaucoup, un poème sur les icebergs.
> Henri Michaux, "Icebergs", La nuit remue.
Icebergs, sans garde-fou, sans ceinture, où de vieux cormorans abattus et les âmes des matelots morts récemment viennent s’accouder aux nuits enchanteresses de l’hyperboréal.
Icebergs, Icebergs, cathédrales sans religion de l’hiver éternel, enrobés dans la calotte glaciaire de la planète Terre.
Combien hauts, combien purs sont tes bords enfantés par le froid.Icebergs, Icebergs, dos du Nord-Atlantique, augustes Bouddhas gelés sur des mers incontemplées. Phares scintillants de la Mort sans issue, le cri éperdu du silence dure des siècles.
Icebergs, Icebergs, Solitaires sans besoin, des pays bouchés, distants, et libres de vermine. Parents des îles, parents des sources, comme je vous vois, comme vous m’êtes familiers...
Merci à Caroline Lamarche pour sa disponibilité, sa patience et la richesse de sa présentation !
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