C’est grâce aux concours de M. Bonneville et de M. Haddad, adjoint au maire de Sarcelles et délégué à l’éducation, à la formation et aux savoirs que les 1ES4 ont pu rencontrer Madeleine Riffaud, connue pour ses actes de résistance lors de l’occupation de Paris pendant la seconde guerre mondiale, mais aussi pour son engagement, pour la qualité de son journalisme lors de la guerre d’Algérie et la guerre du Viet Nâm et pour sa poésie.
M. Haddad, Madeleine Riffaud et Mme Gellé.
La rencontre avec cette femme de l’Histoire avait été préparée en amont : les élèves se sont interrogés dans une séquence autour “La représentation du mal” sur le pouvoir du témoignage face à l’horreur. Ils ont lu “Si c’est un homme” de Primo Levi, ont étudié des extraits de “L’Ecriture ou la Vie” de Jorge Semprun et ont analysé des extraits du film “Shoah” de Claude Lanzmann ainsi que la préface de Simone de Beauvoir “La Mémoire de l’horreur. Préface au film Shoah”.
Quelle chance pour les élèves de pouvoir alors écouter en direct un témoignage, et qui plus est le témoignage d’un personnage haut-en-couleurs, avec son franc parler et sa mémoire intacte, le témoignage de Madeleine Riffaud.
Pour mieux comprendre son parcours, nous avons commencé par regarder le documentaire “Résistantes”, diffusé sur France 2 lors de la panthéonisation de quatre résistants en 2015. Nous apprendrons qu’elle n’aime pas ce documentaire, et qu’elle lui préfère la série de dix émissions diffusées sur France Culture intitulée "Madeleine Riffaud, la mémoire sauve".
Les 1ES4 se sont rendus dans l’atelier d’une artiste, amie de Madeleine Riffaud, pour écouter son témoignage.
L’atelier d’artiste en plein 13e arrondissement de Paris où a eu lieu la rencontre avec Madeleine Riffaud.
Pendant deux heures durant, elle leur a racontés ses représentations du mal. Plusieurs épisodes de sa vie sont venus alimenter cette réflexion sur la séquence commencée en classe, et sur la mémoire de l’horreur. Avec son franc-parler, Madeleine Riffaud raconte comment elle a changé plusieurs fois le dernier vers de son poème écrit la veille de sa condamnation à mort pour finalement laisser une empreinte positive de pardon : elle n’en veut pas à ses bourreaux . Elle a également raconté sa rencontre avec la petite-fille d’un de ses bourreaux. Enfin, elle a expliqué pourquoi elle n’avait pas parlé tout de suite, comment il a fallu que Raymond Aubrac en personne, au moment du cinquantenaire de la Libération de Paris, vienne lui intimer de parler, de raconter, de témoigner. Pour les générations futures.
A notre retour, les élèves ont publié sur leur blog de classe des textes de remerciements, pour se souvenir de ce moment.
En voici quelques extraits :
Dylan
« Tout d’abord j’aimerais vous remercier particulièrement de nous avoir proposés cette rencontre avec la résistante qui représente une chance inestimable, ainsi que pour votre engagement dans notre parcours scolaire qui nous apporte de solides bases pour notre avenir.
Pour ma part, j’ai beaucoup aimé rencontrer cette femme et j’ai été séduit par son personnage. Je trouve son parcours incroyable et malgré le fait qu’elle exprime ses actes comme un devoir, j’ai du mal à faire abstraction de l’immense courage dont elle a pu faire part.
J’ai senti un fort caractère qui m’a plu chez cette femme, rien que dans son élocution on pouvait identifier son côté autoritaire mélangé à un ton humoristique inattendu (comme dans ses expressions « bagnoles », « bougnouls » ou encore « ses quelques agréables moments passés dans les bois » dans sa jeunesse, qui nous ont amusées plus d’une fois).
De plus j’ai relevé une facette très protectrice chez Madeleine Riffaud, outre toutes ses actions de résistance qui relèvent d’une certaine protection/défense, on a pu ressentir ce caractère en elle dans d’autres circonstances, comme lorsqu’elle nous a témoigné de l’épisode lors duquel elle a défendu une femme se présentant en tant que « femme de résistant » et qui faisait l’éloge de son mari. Il s’avérait finalement que cette femme elle-même soignait des résistants et effectuait quelques missions de résistance. Elle devait figurer complétement parmi les résistants. »
Ornella
« Tout au long de ce moment avec Madeleine, ce que j’ai retenu, hormis ses forces physiques et morales, c’est un caractère de bien trempé, une femme peut être âgée mais qui a un franc parlé, une facilité à s’exprimer et à captiver son public. Elle nous parle d’une manière si franche, claire, poignante et précise que cela rend ses histoires ou témoignages accessibles à tous. Moi, qui ne suis pas une passionnée d’histoire, j’ai aimé avoir la chance (même une fois dans ma vie) de pouvoir rencontrer une femme comme elle qui est pour moi un réel exemple. Cette femme a fait des choses extraordinaires pour son peuple et les générations futures ! »
« J’ai pu voir aussi qu’elle n’a aucune haine envers le passé, qu’elle parle avec beaucoup de sagesse et même de l’humour voire de l’ironie dans sa façon de raconter ses histoires. »
Jazzie
« Madeleine Riffaud nous a expliqués qu’elle ne ressentait pas de haine envers les Allemands mais aussi qu’il était difficile de se faire reconnaitre en tant que femme résistante car elle-même ne se reconnaissait directement en tant que femme résistante. Elle nous a aussi dit que quand cet événement historique horrible s’est terminé, elle n’a pas voulu raconter son histoire directement mais a préféré se focaliser sur ses activés, son engagement. »
Ce qui a particulièrement fasciné les élèves est la qualité de la mémoire de Madeleine Riffaud, qui se souvient de chaque moment avec de nombreux détails, et aussi cette faculté qu’elle a de mettre en récit sa vie, de raconter chaque épisode de son incroyable vie comme une histoire avec du suspense et une chute. Plus qu’un témoignage, les paroles de Madeleine Riffaud sont une véritable mise en récit de soi, qui mélange l’Histoire et les histoires.
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