Septembre 2015 - Premiers constats
- Nombreux sont les élèves de cette classe à rester à la fin des cours dès les premières semaines de septembre pour parler d’orientation, de choix de filière, et un mot revient souvent dans leurs discours : la « réorientation ». Ils ne savent pas très bien à quoi cela correspond, mais il est clair qu’ils se demandent ce qu’ils font en ES : certains ne se trouvent pas au niveau, d’autres s’effraient du travail à fournir, beaucoup manquent de confiance en eux, aucun n’a de projet professionnel précis. Le constat est simple : pour la plupart de ces élèves, il faut redonner un sens à l’orientation en filière économique et sociale.
- Sur les vingt-neuf élèves, cinq volontaires et motivés font partie d’un atelier théâtre avec le Théâtre Gérard-Philipe, trois autres sont sélectionnés pour retrouver une fois par semaine quelques élèves du collège Jean Lurçat pour une heure de tutorat. Pour ces huit élèves-là, très tôt dans l’année, la question de l’orientation en ES n’est plus un problème. Ils ont leur place dans cette filière. Mais pour les autres ?
- Une ancienne élève de Terminale ES propose de faire intervenir l’association "CeQueJeVeuxFairePlusTard" sur un atelier de trois heures. Au programme, portraits chinois, mise en valeur des qualités individuelles, réflexion en groupes, ateliers d’improvisation pour mettre en valeur les qualités au sein d’un collectif. L’ensemble de la classe joue le jeu, les plus audacieux comme les plus timides.
Pourquoi ne pas mettre en place un projet de plus grande envergure pour les élèves de cette classe qui semblent prêts à prendre des risques pour tenter de se trouver une place dans le monde qui les entoure, et qui questionnent leur avenir ?
C’est alors que Taoufik Vallipuram intervient avec l’association l’APRÈS et son projet « Je pitche mon stage ».
Avril 2016 - Les objectifs du projet
- mettre en valeur ses compétences et ses qualités scolaires et celles non reconnues au niveau scolaire pour « se pitcher »
- comprendre et appliquer les bons codes sociaux lors d’un entretien oral, qu’il soit scolaire ou non.
- Trouver un stage dans une start-up pour l’été 2016.
- Prendre confiance en soi.
Mai 2016 - Le déroulé des deux ateliers
- Taoufik Vallipuram est venu présenter les ateliers et l’objectif du projet « Je pitche mon stage » lors d’une heure de cours, en présence du proviseur et de la professeur. Après une présentation sur l’univers des start-up et des ateliers à venir, un sondage est effectué dans la classe : tous les élèves sont partant pour ces deux ateliers.
- Le premier atelier se déroule sur deux heures, avec six intervenants du monde de l’entreprise, tous sont des connaissances de Taoufik intéressés par le projet. La variété des profils est d’une grande richesse pour les élèves : Eric travaille dans une banque, Jessica est journaliste, Julien est expert comptable, Matthieu dans l’immobilier de luxe, Fatima dans la production de documentaires et Brice travaille chez Samsung.
Les six intervenants du premier atelier et deux élèves, à droite.
Ils commencent par se pitcher eux-mêmes. L’exercice, qui consiste à se présenter, à faire son portrait professionnel – et un peu plus - en quelques minutes est réalisé avec brio par les intervenants, et c’est ce que les élèves vont apprendre à faire.
Puis chaque intervenant s’occupe d’un groupe de quatre ou cinq élèves : le premier exercice commence par une simple présentation de soi – pas si simple en réalité : comment sortir du banal ? comment mettre en valeur des compétences, des expériences et des activités extra-scolaires, une langue ? Les autres élèves du groupe prennent des notes pendant qu’un de leurs camarades se prêtent au jeu.
Les groupes de travail
C’est souvent maladroit, désorganisé, mal formulé. L’intervenant livre ses conseils, délivre des anecdotes, anime le débat et approfondit le questionnement. Au bout d’une heure, on fait un premier bilan : qu’est-ce qui a été facile à faire ? qu’est-ce qui a été plus compliqué ? quels conseils retient-on ?
Ce que les élèves retiennent de ce premier exercice
L’heure suivante est consacrée au deuxième exercice, qui consiste en l’amélioration du premier : un pitch de soi qui tienne compte des conseils.
- Le deuxième atelier se déroule deux semaines plus tard, avec six nouveaux intervenants. L’objectif est de repérer, de comprendre et d’intégrer les codes lors d’un entretien, quel qu’il soit. Comme lors de l’atelier précédent, les intervenants commencent par se présenter. Là encore les secteurs représentés et les personnalités sont d’une grande variété, et d’une grande richesse : Marine est journaliste à son compte, Joanna, Abla et Valérie travaillent chez Orange, Hervé est expert comptable et Benjamin.
Les intervenants du deuxième atelier
Chaque intervenant s’occupe d’un groupe de 4 ou 5 élèves et les place dans une situation de communication particulière : Marie-Ange doit vendre un portable à Laure, Claire doit répondre aux problèmes de location de voiture d’Artiom, Morad doit recruter des personnes pour intégrer son association. Cette mise en situation fictive permet aux élèves par deux ou trois de se prêter au jeu du théâtre forum, les autres membres du groupe observent, puis tous réfléchissent aux points forts, aux points d’efforts de la situation qu’ils ont observé.
Les groupes de travail du deuxième atelier : une mise en fiction de soi qui se rapproche du théâtre forum
Il est intéressant de voir à quel point prendre un rôle libère les commentaires des élèves : ce n’est pas eux qu’on juge, mais le personnage – quand bien même proche de ce qu’ils pourraient être - qu’ils ont joué dans une situation qu’on leur a imposés. Au bout d’une heure, après que chaque groupe a fait le point avec son intervenant, la classe dresse un bilan de l’exercice : des représentants sont envoyés au tableau pour expliquer les éléments qui leur ont été naturels de faire, ceux qu’ils leur semblent plus difficiles. Taoufik note tout cela au tableau, les intervenants prennent la parole et complètent au fur et à mesure la liste par leurs conseils et leurs expériences.
Ce que les élèves ont retenu de ce deuxième atelier
L’échange est riche : on y parle écoute active, reformulation, posture physique, communication. C’est passionnant. Les élèves ont encore des questions à poser, les intervenants y répondent avec bienveillance. Personne n’a vu l’heure passer.
Bilan et perspectives
- Il s’agira, pour les élèves volontaires, d’appliquer les conseils qui leur ont été fournis lors des entretiens qui se dérouleront le 10 juin au lycée pour décrocher un stage dans une start-up. L’objectif est de taille puisqu’à l’issue de ces entretiens, certains élèves de la 1ES4 pourront effectuer un stage de plusieurs semaines dans une entreprise innovante française cet été.
- Tous les conseils prodigués sont bien sûr valables pour les oraux scolaires que les élèves auront à passer, et en premier lieu, l’oral de français qui les attend à la fin du mois de juin.
- Il a surtout été question pendant ces deux ateliers d’aider les élèves à prendre confiance en eux et de les encourager à s’intéresser aux autres, au monde qui les entoure, à celui qu’ils veulent atteindre, tout en cherchant dès aujourd’hui à définir son identité professionnelle. C’est ce que n’ont cessé de leur conseiller les intervenants et ce qu’a rappelé Marine Colliard dans son article « Impose-toi. Ne laisse pas le choix. »
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